Action 6 : Le prix de la construction et l’auto-construction

De Economie Solidaire Brest.

(Samuel Lanoë, de l'Epok, coopérative d'accompagnement de projets d'habitat participatif)
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* [http://www.lepok.org/images/Docs/Habitat-Participatif-et-solidaire-HPO%20_FDF_CG35-%20ANNEXES.pdf Cliquez ici pour télécharger les annexes.]
 
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=== Maripol Roquefort, de l'habitat groupé Ecocum, à Loperhet (29)===
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« ''Nous, c'est un projet complètement différent, c'est des maisons individuelles qui sont construites. Nous avons commencé par un chantier collectif qui concerne la phyto-épuration. Nous avons choisi d'avoir une phyto-épuration d'abord pour des raisons écologiques, mais on s'est posé aussi la question du coût, parce que par autoconstruction ça nous coûtait 12 000€ pour 10 maisons, et le raccordement aux égouts qui passent juste en bas de notre terrain, c'était 40 000€. Mais nous avons eu un raccordement exigé par la mairie en cas de dysfonctionnement. Donc, notre phyto nous revient à 16 000€, sans compter le temps de travail, 15 jours de travail. Avec une dimension écologique qui est là, et une dimension pédagogique, parce que des écoles sont venues pour voir ça. Autre chantier collectif, qui concerne tout le monde, il y a eu la buanderie, qui existait déjà, et une fenêtre qui a été démontée qui a été transformée en ouverture en porte vitrée, et le parquet qui a été enlevé pour arriver sur le béton.'' »
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« ''Autrement, tous les chantiers collectifs sont à l'intérieur des maisons individuelles, avec une partie d'autoconstruction qui est très variable d'une maison à l'autre. Par exemple une personne de 65 ans a dit qu'elle se gardait la peinture à l'intérieur, et une personne a dit qu'elle ferait tout en autoconstruction, parce que c'est son trip, et il est parti choisir ses arbres dans les bois, et travailler avec une scierie mobile, en accompagnement avec un charpentier qui fait de l'accompagnement de chantier de A à Z, qui estime que sa maison lui revient à 1000€ du mètre carré, et 2000€ si ça avait été clé en main. Et puis on est plusieurs à faire d'autres choix. Je me rappelle de réunions chez l'architecte, on s'est dit que pour rentrer dans nos 100 000€, c'est pas compliqué, il fallait faire de l'autoconstruction ! Mais en fait c'est quand même du coût de faire de l'autoconstruction, ce n'est pas seulement retirer ça du budget, c'est aussi trouver des compétences, et du temps, et du savoir-faire, et beaucoup d'organisation.'' »
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« ''Mais finalement chaque foyer est maître de son chantier, chez soi, avec les autres qui veulent bien aider. C'est de la propriété individuelle. Le terrain est en copropriété, et nous sommes propriétaires de la maison. Il y a un archi pour six maisons et un autre archi sur deux maisons, juste pour faire les plans. Et puis il y aura un troisième archi pour la future maison, si ça se fait vraiment. Les grosses différences, c'est que du coup on a des maisons individuelles, on n'a pas tous le même investissement, le même intérêt à investir notre temps dedans. Ceux qui habitent déjà sur place, quelque part ils ont déjà fini, ils ont envie d'investir les lieux autrement, dans l'aménagement extérieur plutôt que dans les constructions... Quand il y a un bâtiment collectif, on est obligé de voir les choses dans un ensemble, tandis que dans des maisons individuelles ça n'a rien à voir. Au niveau des coûts, ça n'a rien à voir non plus. On n'a pas beaucoup mutualisé pour des raisons d'emploi du temps. Nous on se retrouve avec un parquet qui est là depuis 3 ans dans notre maison, parce que ceux qui allaient aménager en étaient là à un moment donné, on a fait une commande commune d'un parquet à pas cher, mais qui nous embête depuis trois ans, parce qu'on tourne autour, on le déplace. Commander tous ensemble, c'est s'embêter avec du matériel alors qu'on n'y est pas. La mutualisation, ça peut être pénalisant, si on n'est pas bien organisés, bien synchro. Nous on a plein de copains qui veulent bien nous aider, mais on leur dit « non, ne venez pas », parce qu'on n'a pas la compétence de départ pour organiser le truc. Je crois que le premier truc à prendre en compte, c'est son tempérament, et ses compétences, pour savoir ce qu'on va faire. En groupe, on peut voir ça ensemble, sauf que au départ on se disait qu'on allait tous travailler les uns chez les autres, et en fait tous les chantiers ont commencé en même temps. Donc, comment on se répartit le temps ? Sachant qu'on n'a pas fait ce choix-là d'avoir un membre disponible par foyer. Et puis il arrive des imprévus, enfin des choses auxquelles on n'avait pas pensé et qu'on avait pourtant prévu, il y a eu deux enfants qui sont arrivés, et finalement le temps de famille est tellement important dans ces années-là qu'on a décidé de ne pas le sacrifier. Ça fait durer. Nous avons commencé il y a 4 ans et demi. On n'y habite pas encore. Nous n'avons pas de loyer, donc on n'a pas cette pression-là. Mais le temps joue sur la motivation. Ça crée des décalages avec ceux qui sont installés. Eux ils aimeraient bien qu'on soit là, parce qu'on ne partage pas les mêmes choses. Et le temps fait évoluer le groupe, il y a eu un décès, un divorce, un couple recomposé... En plus, il y a eu des professionnels qui ont mal fait leur boulot, en l’occurrence le couvreur, qui est le même pour 6 maisons, qui a mal fait son travail sur au moins 5 maisons, avec des interruptions de chantier en plus, donc ça crée des décalages.'' »

Version du 7 septembre 2015 à 11:35