Action 6 : Le prix de la construction et l’auto-construction

De Economie Solidaire Brest.

(Samuel Lanoë, de l'Epok, coopérative d'accompagnement de projets d'habitat participatif)
(Maripol Roquefort, de l'habitat groupé Ecocum, à Loperhet (29))
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« ''Mais finalement chaque foyer est maître de son chantier, chez soi, avec les autres qui veulent bien aider. C'est de la propriété individuelle. Le terrain est en copropriété, et nous sommes propriétaires de la maison. Il y a un archi pour six maisons et un autre archi sur deux maisons, juste pour faire les plans. Et puis il y aura un troisième archi pour la future maison, si ça se fait vraiment. Les grosses différences, c'est que du coup on a des maisons individuelles, on n'a pas tous le même investissement, le même intérêt à investir notre temps dedans. Ceux qui habitent déjà sur place, quelque part ils ont déjà fini, ils ont envie d'investir les lieux autrement, dans l'aménagement extérieur plutôt que dans les constructions... Quand il y a un bâtiment collectif, on est obligé de voir les choses dans un ensemble, tandis que dans des maisons individuelles ça n'a rien à voir. Au niveau des coûts, ça n'a rien à voir non plus. On n'a pas beaucoup mutualisé pour des raisons d'emploi du temps. Nous on se retrouve avec un parquet qui est là depuis 3 ans dans notre maison, parce que ceux qui allaient aménager en étaient là à un moment donné, on a fait une commande commune d'un parquet à pas cher, mais qui nous embête depuis trois ans, parce qu'on tourne autour, on le déplace. Commander tous ensemble, c'est s'embêter avec du matériel alors qu'on n'y est pas. La mutualisation, ça peut être pénalisant, si on n'est pas bien organisés, bien synchro. Nous on a plein de copains qui veulent bien nous aider, mais on leur dit « non, ne venez pas », parce qu'on n'a pas la compétence de départ pour organiser le truc. Je crois que le premier truc à prendre en compte, c'est son tempérament, et ses compétences, pour savoir ce qu'on va faire. En groupe, on peut voir ça ensemble, sauf que au départ on se disait qu'on allait tous travailler les uns chez les autres, et en fait tous les chantiers ont commencé en même temps. Donc, comment on se répartit le temps ? Sachant qu'on n'a pas fait ce choix-là d'avoir un membre disponible par foyer. Et puis il arrive des imprévus, enfin des choses auxquelles on n'avait pas pensé et qu'on avait pourtant prévu, il y a eu deux enfants qui sont arrivés, et finalement le temps de famille est tellement important dans ces années-là qu'on a décidé de ne pas le sacrifier. Ça fait durer. Nous avons commencé il y a 4 ans et demi. On n'y habite pas encore. Nous n'avons pas de loyer, donc on n'a pas cette pression-là. Mais le temps joue sur la motivation. Ça crée des décalages avec ceux qui sont installés. Eux ils aimeraient bien qu'on soit là, parce qu'on ne partage pas les mêmes choses. Et le temps fait évoluer le groupe, il y a eu un décès, un divorce, un couple recomposé... En plus, il y a eu des professionnels qui ont mal fait leur boulot, en l’occurrence le couvreur, qui est le même pour 6 maisons, qui a mal fait son travail sur au moins 5 maisons, avec des interruptions de chantier en plus, donc ça crée des décalages.'' »
 
« ''Mais finalement chaque foyer est maître de son chantier, chez soi, avec les autres qui veulent bien aider. C'est de la propriété individuelle. Le terrain est en copropriété, et nous sommes propriétaires de la maison. Il y a un archi pour six maisons et un autre archi sur deux maisons, juste pour faire les plans. Et puis il y aura un troisième archi pour la future maison, si ça se fait vraiment. Les grosses différences, c'est que du coup on a des maisons individuelles, on n'a pas tous le même investissement, le même intérêt à investir notre temps dedans. Ceux qui habitent déjà sur place, quelque part ils ont déjà fini, ils ont envie d'investir les lieux autrement, dans l'aménagement extérieur plutôt que dans les constructions... Quand il y a un bâtiment collectif, on est obligé de voir les choses dans un ensemble, tandis que dans des maisons individuelles ça n'a rien à voir. Au niveau des coûts, ça n'a rien à voir non plus. On n'a pas beaucoup mutualisé pour des raisons d'emploi du temps. Nous on se retrouve avec un parquet qui est là depuis 3 ans dans notre maison, parce que ceux qui allaient aménager en étaient là à un moment donné, on a fait une commande commune d'un parquet à pas cher, mais qui nous embête depuis trois ans, parce qu'on tourne autour, on le déplace. Commander tous ensemble, c'est s'embêter avec du matériel alors qu'on n'y est pas. La mutualisation, ça peut être pénalisant, si on n'est pas bien organisés, bien synchro. Nous on a plein de copains qui veulent bien nous aider, mais on leur dit « non, ne venez pas », parce qu'on n'a pas la compétence de départ pour organiser le truc. Je crois que le premier truc à prendre en compte, c'est son tempérament, et ses compétences, pour savoir ce qu'on va faire. En groupe, on peut voir ça ensemble, sauf que au départ on se disait qu'on allait tous travailler les uns chez les autres, et en fait tous les chantiers ont commencé en même temps. Donc, comment on se répartit le temps ? Sachant qu'on n'a pas fait ce choix-là d'avoir un membre disponible par foyer. Et puis il arrive des imprévus, enfin des choses auxquelles on n'avait pas pensé et qu'on avait pourtant prévu, il y a eu deux enfants qui sont arrivés, et finalement le temps de famille est tellement important dans ces années-là qu'on a décidé de ne pas le sacrifier. Ça fait durer. Nous avons commencé il y a 4 ans et demi. On n'y habite pas encore. Nous n'avons pas de loyer, donc on n'a pas cette pression-là. Mais le temps joue sur la motivation. Ça crée des décalages avec ceux qui sont installés. Eux ils aimeraient bien qu'on soit là, parce qu'on ne partage pas les mêmes choses. Et le temps fait évoluer le groupe, il y a eu un décès, un divorce, un couple recomposé... En plus, il y a eu des professionnels qui ont mal fait leur boulot, en l’occurrence le couvreur, qui est le même pour 6 maisons, qui a mal fait son travail sur au moins 5 maisons, avec des interruptions de chantier en plus, donc ça crée des décalages.'' »
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===Tony Servain, de l'habitat groupé Ékoumène (Brest)===
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Pour voir son support de présentation : [https://drive.google.com/open?id=0B-bLlUUE2Hl7TE9DRmNNTFhHVVE cliquez ici]
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Ékoumène est un habitat en immeuble à Brest. Les aménagements ont eu lieu entre février et avril 2015. Ici aussi le recours à l'autoconstruction n'était pas forcément souhaité, mais il est apparu comme nécessaire pour ne pas trop entamer sur le programme architectural voulu. « ''Nous avons un budget total d'environ un million d'euros, dans lequel n'est pas inclus la partie d'autoconstruction, mais que nous pouvons valoriser, selon une estimation vue avec notre maître d’œuvre, entre 60 000€ et 80 000€. L'espace associatif n'est pas compté non plus, il est en prévision, autour de 60 000€. Il est prévu d'être en grande partie en autoconstruction aussi. Le clos couvert est prévu avec l'artisan qui a fait l'enveloppe de notre immeuble, et le reste sera en autoconstruction.'' »
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L'autoconstruction concerne le second œuvre : « ''on a fait les cloisons intérieures des appartements, les sols et les peintures, c'était les choses sur lesquelles, par rapport à la prise de risque, on se sentait plus aptes. On apprend au fur et à mesure, on peut se planter sur des trucs, et ce n'est pas grave, il suffit que l'on se le dise et qu'on ne s'inquiète pas. La plupart des personnes dans le groupe, je peux en témoigner personnellement, n'étaient pas du tout bricoleurs, et même pas forcément intéressées par le fait de mettre la main à la pâte, et en même temps il y avait une force du groupe, qui est un groupe qui est habitué à travailler ensemble sur des projets, pour se dire qu'on apprend ensemble. Si on avance, ça marche, si on doit redescendre on redescend, et on remontera. Pendant tout le temps de l'autoconstruction on a eu le sentiment de fonctionner un peu comme ça : un pas en avant, deux pas en arrière, trois pas en avant... Je pense que le fait d'être en autoconstruction, pour beaucoup des foyers, on a été plus loin que ce qu'on pensait pouvoir faire. Il y a des trucs auxquels on n'avait pas pensé au départ, et en faisant, on a appris au fur et à mesure, et des idées sont apparues pendant la construction. Et puis j'ai le sentiment que ça a permis de faire vivre le bâtiment avant même qu'il soit fini. Je suis persuadé que les murs vont garder une trace, une mémoire de ce qui s'est passé pendant l'été, pendant le chantier participatif, où on a eu l'aide de plein de personnes, l'autoconstruction n'a pas été qu'interne au groupe, il y a tous les réseaux des uns et des autres qui sont venus. Ça a été quand même assez important. Il y a eu une espèce d'émulation qui n'est pas chiffrable, mais qui est vraiment sensible. On peut dire qu'on habite l'immeuble depuis le début de notre participation à notre chantier.'' »
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===Jacques Matelot, des Compagnons bâtisseurs de Bretagne===
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Pour visualiser son support de présentation : [https://drive.google.com/open?id=0B-bLlUUE2Hl7b3BlNy14MXk5YUE cliquez ici]
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Les Compagnons bâtisseurs assurent l'accompagnement dans des projets collectifs d'autoconstruction et d'autorénovation. Le projet de Langouët, centre-bourg en Bretagne, est un des gros dossiers du moment. Il s'agit de la construction de 10 logements, dans le cadre d'un lotissement communal, dans un programme qui compte aussi 25 lots libres, et 6 locatifs sociaux. « ''L'objectif, c'est une posture offensive sur l'autoconstruction, c'est-à-dire qu'on veut qu'on veut participer au sujet de recourir à l'autoconstruction pour faire accéder des personnes à la propriété. Ce n'est pas qu'on soit pour la propriété à tout prix, ce n'est pas ça, mais c'est pouvoir faire accéder des personnes à la propriété alors que sans autoconstruction elles ne peuvent pas accéder du tout.'' »
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« ''Aujourd'hui, de plus en plus d'habitants se sont lancés dans l’acquisition de réhabilitation de logements parce qu'ils ne peuvent pas acheter neuf. Les logements les moins chers sont ceux où il y a le plus de travaux. Mais il y en a plein qui n'y arrivent pas, pour plein de raisons diverses et variées, notamment parce qu'ils n'ont pas les compétences nécessaires. Et je peux vous dire que ces personnes-là peuvent descendre très très bas. Nous, on travaille pour aider ces personnes à réhabiliter leur logement, à trouver des solutions''. »
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« ''L'effet levier c'est pour les habitants, c'est la solvabilité du projet d'accession. Le coût moyen du logement du projet, c'est 135 000€ pour des maisons individuelles T4 de 85m², terrain compris, TTC, en VEFA, tout compris. Le même bailleur vend entre 1900 et 2000€ le mètre carré. La démarche qu'on veut développer, c'est de faire 70 à 75 % d'autoconstruction, ce qui est beaucoup. Comme on propose ça à des personnes qui n'auraient pas pu accéder du tout, ou alors dans des conditions très risquées, en fait ce n'est pas un marché qu'on prend au marché du bâtiment, c'est un marché en plus. Ça, c'est le deal. Parce que derrière on a essayé d'embarquer aussi des collectivités et des partenaires qui sont très sensibles, et à juste titre, à la problématique économique du secteur du bâtiment. Ça veut dire qu'on réserve à des personnes qui financièrement ne pourraient pas s'en passer''. »
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L'une des missions des Compagnons bâtisseurs est d'assurer les sécurisations. Il s'agit d'une part de l'accompagnement technique sur le chantier, ainsi que la planification, la logistique, les médiations. Il s'agit aussi des rescrits juridiques : « ''on a été pendant deux trois ans écrire des rescrits avec les services fiscaux et services sociaux de manière à avoir des autorisations de non fiscalisation, parce aujourd'hui l’État peut être amené à fiscaliser et à appliquer la TVA aux échanges entre les habitants collectivement qui font de l'autoconstruction entre eux, en monétisant cet échange, et leur appliquant 20 % de TVA. Nous avons eu des rescrits de services fiscaux de Bretagne qui bloquent ça, et qui permettent de reconnaître l'entraide civile, concrètement. L'idée, quand on dit sécuriser, c'est pour les habitants, mais c'est aussi pour la suite. Ça nous a pris un certains nombre de temps, et d'argent, d'ailleurs.'' »
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« ''On parle de techniques d'autoconstruction, mais il y a un lien entre le financier et le technique, c'est-à-dire que le fait d'avoir une décennale permet d'avoir une dommage-ouvrage, et ça permet qu'une banque accepte de financer, notamment pour des primo-accédants qui n'ont pas 30 ou 40 % d'apports. Quand vous avez peu d'apports, ce que regarde la banque c'est le risque, c'est logique, c'est légitime. Quand vous avez peu d'apports et qu'en plus vous ne pouvez pas dire que vous pouvez construire, et que ce que vous allez construire c'est assuré, on ferme. À Langouët, la décennale est portée par le maître d'ouvrage, donc Néotoa. Ce qui veut dire que quand on va revendre aux habitants, ils auront exactement les mêmes garanties qu'une entreprise, avec une décennale, une dommage-ouvrage, même si c'est eux qui ont assuré une grosse partie des travaux. Et face aux banques, à la limite, les autoconstructeurs aujourd'hui pourraient presque ne pas parler d'autoconstruction : ils disent qu'ils achètent à Néotoa, qui est connu comme le loup blanc, c'est en VEFA, donc décennal et dommage-ouvrage.'' »
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Le projet s'adresse à des personnes qui n'ont pas forcément des compétences techniques particulières, mais une capacité à consacrer du temps à la construction, de l'ordre de 3 week-ends sur 4 et toutes les vacances pendant 18 mois. Le public visé ne peut pas se permettre de se passer d'un salaire pendant le temps des travaux. Une autre condition est une envie de s'investir sur un projet collectif et solidaire : les 10 maisons se construisent en même temps. Ce critère figure parmi les principaux pour les candidatures. Enfin, il faut tout de même avoir des apports et une capacité d'emprunt, de l'ordre de 500€ sur plusieurs années, pour financer les 135 000€ prévus. Ce budget prévisionnel de 135 000€ par logement repose sur l'autoconstruction, mais aussi sur des subventions, soit de la commune, soit de la défiscalisation, soit des collectivités publiques.
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« ''Nous devons mobiliser des partenaires, accompagnement technique, accompagnement pédagogique, assurances, juridique, économique, en impliquant les habitants. On est sur cette posture-là, politique, qui induit un certain nombre de choix. L'un des enjeux était de mobiliser les partenaires, pour travailler la reproductibilité. Il y a un bailleur social, Néotoa, le plus grand bailleur social du département. Ensuite il y a la Ville, la Communauté de communes, le Département, la Région, et la Fondation Macif. Nous proposons à des collectivités de faire une action, et de s'obliger à résoudre des problèmes, et de convaincre par l'exemple. Nous voulons impliquer les politiques publiques dans la démarche, là on est sur la dynamique du lien social, de l'implication citoyenne, le fait d'avoir 10 familles qui font 10 maisons dans une toute petite commune, ça a des implications assez importantes. On est sur un enjeu qui vise la reproductibilité de la démarche. Ce n'est pas de le faire une fois, même si c'est tout à fait légitime de le faire une fois, l'objet c'est de le faire et, de pouvoir le reproduire après, même si ce n'est pas forcément de la même manière. Et ça ça a des implications sur les choix qu'on prend. Notamment, l'inscription dans la politique publique, ça a été inscrit dans le Plan Local de l'Habitat de la communauté de commune où ça se met en place, au titre de l'accession sociale à la propriété, et plus seulement au titre de l'ESS. Ce qui veut dire qu'on mouille les partenaires dans cette démarche-là, parce qu’on ne peut pas prendre tous les risques. L'implication forte de partenaires, collectivité et bailleur social, donc effectivement, le fait de travailler avec un bailleur social, et un bailleur social connu, si on arrive à le montrer, c'est que si on arrive à montre que ça fonctionne, un autre bailleur social ne pourra pas dire après que ce n'est pas possible. Parce que la problématique de l'autoconstruction, c'est qu'on dit toujours que ce n'est pas possible. Et  c'est peut-être quelque chose qu'on pourra travailler avec vous, un des enjeux qu'on a c'est d'évaluer et de valoriser cette question, y compris auprès de la Région.'' »
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===Nicolas Duverger, Directeur du Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement (CAUE) 29===
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« ''Aujourd'hui on voit beaucoup de projets qui vont se réaliser eux-mêmes, le prescripteur c'est le magasin de bricolage qui propose des prix indus de matériaux, des modes constructifs qui sont parfois absolument pas adaptés, il n'y a pas de maîtrise d’œuvre, et c'est vraiment le rôle palliatif du CAUE d'assurer une consultance, qui dure en général une heure, qui peut être reconduite, via des croquis, via des explications techniques, via des orientations pour des artisans. C'est gratuit. C'est un dispositif qui est prévu dans le cadre de la loi, depuis Giscard, et le projet de la France des propriétaires. On a une dimension politique dans notre mission, d'accompagnement des collectivités. Il y a plusieurs façons de le faire, soit on va dans le sens de l'eau, soit on réinterroge les propriétés de faire, le contexte, et en tous cas on essaie de susciter les désirs d'expérimenter de la part des collectivités. Mais ça n'aboutit qu'assez peu en fait, on est quand même dans des procès très normés, à la fois parce que les collectivités sont soumises généralement à la loi MOP, Maîtrise d'Ouvrage Public, et aux codes des marchés publics, qui codifie les marchés publics, les normalise, et uniformise les résultats, et posent des questions d'appropriation des habitants, qui ont du mal à trouver leur compte. C'est aussi la question de la valeur d'usage, à quel moment on les intègre dans la programmation du bâtiment. On essaie de bricoler avec nos petits moyens des modalités un peu innovantes, d'appropriation, et ça porte en général plutôt sur les espaces publics que sur les bâtiments. La construction est très normée. En Sarthe, on a accompagné un certain nombre d’initiatives, par exemple de mise en peinture. C'est éloigné de ce qu'on vient de se dire, mais en même temps c'est le message politique, l'appropriation de son quotidien, de son univers domestique, qui peut passer par des petites attentions, comme des ateliers de peinture. On a fabriqué des grandes marmites, de l'ocre, de l'huile de lin et de l'huile de coude, de la peinture, distribué aux habitants, et repeignant comme ça des villages entiers. Ça, ça marche très bien. C'est aussi la réappropriation de l'espace public, via des plantations de pieds de murs, cette interface entre le chez soi et l'espace public. Le CAUE des Côtes d'Armor a organisé des ateliers participatifs, à grande échelle, sur cette thématique de l'aménagement urbain. Je pense aux ateliers participatifs de Trémargat. On constate tous le vide, le désert de ces centres-bourgs.'' »
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« ''Le dernier point, c'est comment vos démarches peuvent se situer dans des projets de revitalisation des centres-bourgs. Le département vient d'envoyer un appel à manifestation d'intérêt sur la revitalisation des centres-bourgs. Une vingtaine de communes du département sont inscrites dans ce programme-là. Nous on intervient dans les premiers temps dans cette démarche-là sous un angle quasiment psychanalytique, l'aspiration des élus, et ensuite de leur faire dire qu'ils sont schizophrènes finalement, parce que ils veulent dans le même mouvement revitaliser leurs centres-bourgs, et paradoxalement ils continuent l'étalement urbain en proposant des formes d'habitat. Ma question est de savoir si cette démarche participative, cette autopromotion, pourrait ne pas aussi investir des friches, des dents creuses. On a beaucoup d'exemples anglo-saxons, à Londres par exemple, aux Pays-Bas, en Allemagne, j'ai le sentiment qu'on en a moins en France.'' »

Version du 7 septembre 2015 à 12:30