Action 5 : Les espaces communs, financement et gestion partagée – Atelier de co-production de savoir à Vannes

De Economie Solidaire Brest.

(Version complète de l'atelier)
(Témoignages de membres d'habitats groupés)
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''On est à 6, 7 mois d'utilisation de ces espaces communs. On a bien fait d'insister et d'aller jusqu'au bout, parce que cet atrium vit vraiment. C'est un lieu de réunions pour nous quand il y a besoin de réguler sur l'organisation interne, et c'est aussi un endroit qui permet de recevoir de la famille, ça a été utilisé à fond pour les fêtes de fin d'année. C'est un endroit où on a une obligation de passage puisque ça dessert 3 appartements sur 4, donc c'est un lieu de rencontres obligatoires, et comme c'est un lieu qui est plutôt sympa, on peut s'y poser. C'était le cas dimanche, on y était toujours à 21h30, autour d'une bière ou d'un thé. C'est vraiment un lieu qui vit. C'est un lieu ouvert, mais avec une forme de maîtrise pour l'instant : on chope des opportunités, il y avait un festival de musique irlandaise sur le Bono pendant 4 jours, ils cherchaient des endroits pour faire des sessions chez l'habitant, c'était l'occasion de le faire. C'est aussi de l'ouvrir auprès du voisinage, qui est un nouveau quartier en train de se créer, une ZAC. Il y a tout intérêt à pouvoir profiter de ces occasions-là pour inviter les gens, et puis pour pouvoir leur faire découvrir l'endroit, et le principe, de façon très simple et très concrète, parce que ce genre de projet est souvent sujet à beaucoup de fantasmes. Voilà comment ça se vit. Ça se vit tranquillement. Les choses se font de façon pragmatique. On n'a pas forcément plein de plannings partout. Sur l'occupation de la chambre d'amis, nous avons prévu un protocole, un principe avec des priorités sur l'année, mais pour l'instant il n'est pas mis en œuvre parce que tout simplement, de façon très tranquille, nous sommes en capacité de se dire en se croisant « est-ce que c'est libre, est-ce que tu vas l'utiliser ou pas ». Pareil pour l'atrium, quand il y a de la famille ou des amis, on se pose aussi cette question-là, et pour l'instant ça se passe comme ça''. »
 
''On est à 6, 7 mois d'utilisation de ces espaces communs. On a bien fait d'insister et d'aller jusqu'au bout, parce que cet atrium vit vraiment. C'est un lieu de réunions pour nous quand il y a besoin de réguler sur l'organisation interne, et c'est aussi un endroit qui permet de recevoir de la famille, ça a été utilisé à fond pour les fêtes de fin d'année. C'est un endroit où on a une obligation de passage puisque ça dessert 3 appartements sur 4, donc c'est un lieu de rencontres obligatoires, et comme c'est un lieu qui est plutôt sympa, on peut s'y poser. C'était le cas dimanche, on y était toujours à 21h30, autour d'une bière ou d'un thé. C'est vraiment un lieu qui vit. C'est un lieu ouvert, mais avec une forme de maîtrise pour l'instant : on chope des opportunités, il y avait un festival de musique irlandaise sur le Bono pendant 4 jours, ils cherchaient des endroits pour faire des sessions chez l'habitant, c'était l'occasion de le faire. C'est aussi de l'ouvrir auprès du voisinage, qui est un nouveau quartier en train de se créer, une ZAC. Il y a tout intérêt à pouvoir profiter de ces occasions-là pour inviter les gens, et puis pour pouvoir leur faire découvrir l'endroit, et le principe, de façon très simple et très concrète, parce que ce genre de projet est souvent sujet à beaucoup de fantasmes. Voilà comment ça se vit. Ça se vit tranquillement. Les choses se font de façon pragmatique. On n'a pas forcément plein de plannings partout. Sur l'occupation de la chambre d'amis, nous avons prévu un protocole, un principe avec des priorités sur l'année, mais pour l'instant il n'est pas mis en œuvre parce que tout simplement, de façon très tranquille, nous sommes en capacité de se dire en se croisant « est-ce que c'est libre, est-ce que tu vas l'utiliser ou pas ». Pareil pour l'atrium, quand il y a de la famille ou des amis, on se pose aussi cette question-là, et pour l'instant ça se passe comme ça''. »
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=== Clothilde Richard-Delvil : La Bosse, Saint-Nazaire ===
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« ''La Bosse est un habitat qui réunit une dizaine de familles à Saint-Nazaire. Le groupe s'est constitué en 1978, et les premières personnes ont aménagé en 1981. L'idée était que si on achète 10 petits terrains et qu'on se réunit à 10 familles, ça nous fera un grand jardin, ça va être sympa. Nous avons 4000m² de terrain, avec un immeuble collectif pour rassembler les espaces construits et libérer un maximum d'espace au sol. Nous avons à peu près 1000m² occupés par le bâti. Au niveau des espaces communs, il y a les espaces de distribution, qui sont les espaces intermédiaires entre les espaces utilitaires et les espaces commun : coursives, parking...''
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''Au niveau des espaces utilitaires classiques, il y a une buanderie, un local vélo, un garage avec un atelier bricolage, une cave à vin, un grand séchoir avec un accès extérieur, pour rincer les combinaisons et affaires de plage et de planche à voile et autre, parce qu'on n'est pas loin de la mer. Ensuite, au niveau des espaces non utilitaires, il y a une grande salle commune, d'un peu plus de 40m². C'est la même surface pour nous à 10 familles que vous au Fil pour 4 familles. Ils ont été financés aux millièmes, chacun finance les espaces communs à hauteur de la surface de ses appartements. Il y a aussi une salle enfants, qui doit faire 30m². Tous les espaces donnent sur le jardin. Au départ il y avait  une salle télé. Au début des années 1980, tout le monde n'avait pas la télé, et je pense qu'il y avait aussi un refus de principe de la télé chez soi. Et au tout départ il y avait un atelier photo. Les espace communs, c'est mutualiser pour le profit de tous, quelque chose qui ne servirait  qu’occasionnellement, pour une famille individuelle A dix, on peut avoir une grande salle des fêtes qui accueille toute la famille à Noël, par exemple. Moi, j'étais ravie de grandir dans un grand jardin, avec des énormes balançoires, qu'une famille individuelle n'aurait pas pu se payer''
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''Autre caractéristique pour les espaces communs,  les circulations : il y a des coursives à tous les étages. Au départ, ça correspondait avant tout à des choix bioclimatiques. Mais ça peut être considéré comme une perte d'espaces, qui a un coût. Ça a été une discussion délicate. Au final nous en sommes très contents. La plupart des appartements sont sur deux niveaux, les chambres sont à l'étage, et les enfants pouvaient sortir directement dans les coursives, aller jouer dans les appartements des enfants qui étaient plus loin, sans passer par en bas, et sans gêner les parents. Ça créait des circulations plus libres que dans un appartement classique ou une maison classique où il faut passer par le hall de la maison pour accéder à l'extérieur. Quant au hall d'entrée, il est grand. Ce n'est pas juste un couloir d'entrée où on prend son courrier et puis on monte : là il y a un peu plus de place, ça invite à discuter, c'est un hall.''
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''Au niveau de l'évolution de ces espaces communs dans le temps, il y a des espaces qui ont été très peu utilisés, et qui ont été privatisés. Moi je n'ai jamais vu le labo photo. La salle télé a vite disparue aussi. Et plus récemment, c'est la salle enfants qui a disparue. Les familles qui se sont regroupées avaient grosso modo le même âge, et une fois que tous les enfants sont devenus grands, la salle enfants était moins utilisée, donc elle a été privatisée, elle a été transformée en appartement locatif. C'est la personne qui a acheté cet espace qui gère la location, comme n'importe quel privé pourrait le faire pour une partie de sa maison. C'est intéressant d'envisager, dès le départ si c'est possible, l'évolution des espaces communs et leur privatisation. Dans un immeuble, on est vite bloqué si la famille s'agrandit, c'est arrivé à plusieurs habitants de l'immeuble de déménager parce qu'ils avaient un nouvel enfant et il n'y avait plus de place. Et des fois, il y a eu cette possibilité d'annexion d'un espace commun à un appartement, pour agrandir, pour ajouter des chambres, ça apporte de la flexibilité.''
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Pierre-Yves Jan ajoute : « ''Il semble que les coursives, dans les groupes qui en ont, facilitent la création de nouvelles portes palières par exemple. Il y a le cas aussi à Grenoble. Plus il y a d'espaces de circulation, plus il y a de possibilités de créer des espaces privatifs, distingués. En fait, on optimise le privatif parce qu'on a fait beaucoup de collectif.'' »
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Clothilde Richard-Delvil reprend : « ''Il y a aussi des espaces communs qui se sont créés au fil du temps, dans le jardin. Et puis, il y avait d'autres choses qui étaient prévues dès le départ, mais qui sont tombées à l'eau parce qu'il n'y avait pas les financements pour les faire, des pergolas par exemple. Dès le début la question du vieillissement des habitants s'était posée, et celle de l'ascenseur. Il n'était pas financé au départ, parce que tout le monde allait très bien, et on se disait qu'on n’en avait pas les moyens. Cette question s'est reposée très récemment parce qu'il y a des personnes qui ont eu des soucis de santé. La question de l’ascenseur a amené des interrogations, et des divisions à savoir comment le financer. Ceux qui vivent au rez-de-chaussée n'ont pas besoin d'un ascenseur, et ceux qui habitent au dernier étage disent « au départ on avait parlé de mettre un ascenseur, et c'est pour ça qu'on a acheté au dernier étage ». Finalement, l'ascenseur a été construit, et a été financé par un prorata en fonction des étages des appartements.''
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''Au niveau de la gestion, ça se faisait par oral. Au départ, ils passaient presque toutes leurs soirées dans la salle commune à discuter, manger ensemble, mais une habitante m'a dit qu'elle s'était rendue compte avec du recul qu'elle s'était un peu coupée de tous ses autres amis, parce qu'on ne peut pas s'investir partout en même temps. Il y avait un investissement dans le groupe. Et il y a aussi le regard des voisins, parce qu'il n'y a pas eu ces invitations aux voisins comme vous avez fait au Fil, je pense que c'est une très bonne idée. Il y a eu peut-être un petit peu un enfermement du groupe sur lui-même, un regard des voisins assez... Récemment j'ai eu une réflexion qui m'a assez étonnée, j'étais dans un tout autre contexte, avec des amis d'amis, ils discutaient et rigolaient « oui je me rappelle, au début des années 1980, il y avait un groupe de hippies qui habitaient un immeuble, tous ensemble », et c'était chez moi ! Alors je leur ai dit qu'on avait chacun notre appartement, ça s'approche beaucoup de propriétés classiques, sauf que effectivement la volonté principale c'est la volonté de faire les choses ensemble un peu plus à son image, et d'avoir des espaces partagés.''
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''Les personnes qui sont parties de l'immeuble l'ont fait non pas parce que ça ne leur a pas plu, mais parce qu'ils ont eu un enfant, ou une mutation. Quand quelqu'un d'autre arrive, je ne crois pas qu'il y ait de charte, mais on lui explique le fonctionnement et il faut qu'elle adhère au principe. Nous nous retrouvons deux week-ends par an pour des travaux collectifs et manuels. On entretient les espaces communs, le jardin par exemple, tout le monde doit participer, c'est un accord tacite, quand il y en a qui ne peuvent pas, qui font autre chose, ce sera pour la prochaine fois. Il y a eu une personne qui était partie à un moment, qui espérait revenir mais qui n'a pas pu, elle a mis son appartement en location, c'est des étudiants qui louaient. Eux ils n'adhéraient pas trop aux principes, ils sont là pour un an. Sur le volume, ça ne gêne pas.'' »
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Par rapport à la question de la mixité générationnelle, posée par des personnes en projet d'habitat participatif, Clothilde répond qu'il y en a peu : « ''À une grosse dizaine d'années près, c'était les mêmes âges. Là, actuellement, il y a peut-être deux personnes en activité dans l'immeuble, sinon c'est tous des retraités. » Quant à la mixité sociale, « Vu que ça été fait en copropriété, il fallait que les personnes aient la possibilité d'acheter. Par contre, ce qui a été fait, c'est l'adaptation du volume des appartements à chaque famille par rapport à leurs capacités financières. Et aussi en termes de finitions, c'est-à-dire qu'il y avait des personnes qui avaient beaucoup moins de moyens, ils avaient des appartements plus petits, et pas du tout finis, et dans ce cas-là on passe à l'autoconstruction.'' »
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=== Michel Broutin : Éco-habitat groupé ===
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L'association Éco-habitat groupé vient de publier une enquête à propos de ce que sont devenus les habitats groupés des années 1970 et 1980.
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Pour voir le support de présentation – [https://drive.google.com/open?id=0B-bLlUUE2Hl7SlJDNFg4dm5uOTA&authuser=0 cliquez ici.]
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Pour voir une synthèse de l’étude faite par Eco Habitat Groupé – [https://drive.google.com/open?id=0B-bLlUUE2Hl7VnpHbldBbUNIOGs&authuser=0 cliquez ici.]
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« ''La plupart de ces habitats ont été conçus pour faciliter des rencontres. La position centrale des locaux communs est largement majoritaire, et la redistribution à partir des espaces communs vers les logements est aussi un point partagé par beaucoup d'habitats. Les lieux de vie collective les plus forts, ce sont principalement la salle collective, mais aussi les coursives et puis le jardin dans les périodes de beau temps. Quelque fois, on trouve même une maison commune, comme à Anagram, à  Villeneuve-d’Ascq. Cette maison permet à la fois du logement de passage, voire de l'hébergement de plus longue durée, quand il y a des demandes ou des opportunités. Au Kolkhoze, à Saulx Les Chartreux, à 20 km au sud de Paris, les coursives desservent les appartements sur plusieurs niveaux, le niveau inférieur étant consacré aux enfants, dans tous les logements, avec un accès direct sur la salle commune, le niveau 2 était l'entrée principale des logements, avec les pièces de vie commune, et l'étage supérieur était celui des chambres des parents. À Habitat Différent, à Angers, il y a un studio d'accueil, qui a pu être négocié avec un bailleur social, et puis d'autres locaux communs comme la salle commune, qui a été aménagée dans des locaux qui était destinés à des garages. Ça aussi c'est des caractéristiques dans beaucoup d'habitats groupés anciens, c'est qu'il y a un jeu entre l'affectation théorique des espaces et leur affectation effective, ce qui permet de contourner ou de détourner la réglementation. Quand on parle de financement, il y a le financement en termes de départ, mais aussi les incidences sur le plan fiscal, et sur le plan de l'évolution. Pour la Bosse, tout à l'heure on a parlé de l'appropriation possible, la revente pour l'extension d'un logement, selon les formes juridiques qui ont été établies et puis l'aspect physique des logements, les parties communes ont plus de chances de durer, ou peuvent être annexées, officiellement ou officieusement, pour des usages particuliers.''
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''Les espaces communs, c'est pour avoir une vie interne dans le groupe, c'est sûr, mais c'est aussi pour accueillir. Ce sont des espaces d'accueil, parfois assez confortables, parfois importants. [http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0CCIQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.ecohabitatgroupe.fr%2Fdownload.php%3Ffile%3D3_12_2011%2520Habitat%2520Participatif%2520Villeneuve%2520d%2527Asq.pdf&ei=M0VYVYOGN8zfUb2WgLgC&usg=AFQjCNG0T3nfpuAED_dCbs_FUuLVKflXYA&sig2=cw0-FXw2JFKhHdEI7PCemQ&bvm=bv.93564037,d.d24 À Hagrobi, à Villeneuve d'Ascq,] il y a aussi une maison commune. Là, il y a des activités pour les enfants au départ, des réunions politiques, des messes, des cours collectifs, des activités internes qui concernent d'abord les habitants, mais aussi des activités ouvertes vers les extérieurs : des activités entre adultes pour y travailler, ou simplement pour avoir des bons moments à passer ensemble. Ces activités répondent au projet de groupe, ou bien l'utilisation par certaines personnes du groupe est acceptée par les habitants. Au Canut, qui est un habitat social, les locaux communs sont un dixième appartement, qui est géré par convention avec l'association du Canut. Ces locaux servent au groupe mais aussi vers l'extérieur, par exemple il y a une coopérative bio qui s'y est installée. À [http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=8&ved=0CE4QFjAH&url=http%3A%2F%2Fwww.ecohabitatgroupe.fr%2Fdownload.php%3Ffile%3DLa%2520petite%2520Maison1.pdf.dat&ei=XkVYVZPsIciAU6fQgYgI&usg=AFQjCNEGbyhXUWIMx7nQsJNCFQa13aBgzA&sig2=UfTQDfFEd4Xd7R8AA4npQQ&bvm=bv.93564037,d.d24 la Petite Maison, à Rennes], c'est l'exemple d'une réunion entre le CA d'Éco-habitat groupé et des chercheurs et des intervenants sociaux sur la question du vieillissement. Ces locaux communs permettent l'animation du groupe, voire leur ouverture de façon plus large.''
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''Dans le mode de fonctionnement, là aussi les situations sont très variables. Beaucoup de groupes ont écrit des chartes détaillées, voire des règles très strictes, pas forcément pour les locaux communs, mais pour les renouvellements, notamment. D'autres au contraire, au départ en tous cas, avaient fixé très peu de règles, et puis c'est l'usage qui a fait ressentir à un moment donné la nécessité d'écrire, de cadrer ce qui n'avait pas été envisagé au départ. Il y a des évolutions différentes, avec le plus souvent le fait que les règles qu'on se donne doivent tenir compte des uns et des autres, et des moyens financiers, avec ou non des processus solidaires, mais en tous cas la prise en compte des moyens des uns et des autres. Beaucoup de groupes avaient des rythmes de réunions très suivies pendant les travaux, réunions mensuelles, trimestrielles, ou au moins semestrielles, certains les ont conservés, d'autres, au fil des ans, ont été amenés à voir une activité un peu moins soutenue, même si des choses reviennent par la suite. Avec là aussi des appréciations variables, dans l'intensité de cette vie commune, certaines personnes arrivant dans des groupes trouvent que tout compte fait il ne s'y passe pas grand-chose, parce que eux s'ils sont venus c'était pour rechercher quelque chose de dynamique, et que ce n'était pas forcément le cas, avec des personnes plus âgées. Peut-être qu'ils vont réussir à le récréer. D'autres, au contraire trouvent qu'il y a toujours de l'innovation et de l'énergie dans cette vie collective, et c'est toujours apprécié.''
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''Dans beaucoup de groupes, il y a eu des adaptations des logements au fil du temps, notamment des extensions ou des réductions des espaces, et les changements d'usage des locaux communs. Des usages obsolètes ont été retransformés. Les labos photos, effectivement, ça a disparu, on en a fait un local à vélo à la place, ou d'autres usages ont été trouvés.''
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''À propos du financement des locaux communs, il y a l'exemple [http://www.habiterre.org/ d'Habiterre à Die], qui est un habitat des années 2000, où des locaux communs très importants ont été financés par un emprunt spécial, un prêt sans intérêt, qui est remboursé d'une certaine façon par les utilisateurs, du coup il y a un usage payant de ces locaux, ce qui n'était pas le cas dans beaucoup d'autres groupes, qui n'envisageaient pas un aspect économique et financier de ces locaux, mais c'est peut-être une des solutions aujourd'hui, d'avoir des locaux qui rapportent de l'argent pour en assurer le financement. Autre exemple, l’habitat des Babayagas à Montreuil comprend des locaux collectifs très importants, destinés non seulement à l'usage interne des personnes mais aussi à être le siège et le lieu d'activité de l'association des Babayagas. Leur importance est telle que les locataires et l'Office HLM de la Ville de Montreuil ne peuvent pas en supporter le financement. Alors, cette salle commune est devenue une salle municipale. C'est un exemple des difficultés pour assurer des locaux communs pour un usage interne et un usage externe, là c'est une solution qui est trouvée mais qui a ses limites et ses inconvénients.'' »
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== III) Témoignages d'autres acteurs de l'habitat participatif==
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=== Olaf Malgras : Coop de construction ===
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« ''Moi je vais surtout parler de l'expérience Le Grand Chemin, à Chevaigné. Au départ, c'est la volonté d'une commune de vouloir faire un habitat participatif, avec la participation des 12 familles habitantes dès la conception du projet avec l'architecte, et la participation d'un promoteur coopératif, qui est la Coop de construction. Depuis la première réunion publique début 2008, des gens qui ne se connaissaient pas ont travaillé ensemble sur ce projet. Inutile de vous dire que les 12 de départ ne sont pas les 12 de l'arrivée. Cela ne pose pas énormément de problèmes, puisqu'il y a des renouvellements. On peut dire quand même qu'il y a 4 familles qui ont été là du début à la fin. Le projet concerne 12 logements en accession à la propriété, dont 9 logements de type BBC et 3 de type passif, à des prix de marché autour de Rennes, c'est-à-dire tout compris 2 450 € /m² habitable. Ils comptent des buanderies communes, une salle commune de 80m² en autoconstruction, et un futur atelier''.
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« ''Pour un promoteur, ce n'est pas plus long de faire un habitat participatif qu’un habitat classique, ça tourne autour de trois années. La seule différence, c'est que le temps où un promoteur travaille d’habitude tout seul ou avec son architecte, là il se déroule avec les habitants. Les habitants ont dessiné leur logement, participé aux appels d'offre et au dépouillement d'appels d'offre, et ont fait des choix techniques de fond. J'ajoute que, pour le promoteur, le fait d'avoir ses clients dès le départ est une réelle économie, puisque les frais de commercialisation n'entrent pas dans le prix de vente. »
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Pour les habitants, l'avantage de faire appel à un promoteur est qu'il garantit le financement en cas de dépassement de budget, de délais, et de logements vacants. « Nous pensions qu'il y aurait tellement de gens qui auraient envie de faire de l'habitat participatif qu'on n'aurait eu aucun problème à remplacer des gens qui partiraient. Mais, à la livraison en juin 2012, nous avions 2 maisons qui n'étaient pas vendues. C'est-à-dire que nous portions, nous promoteur, les 2 maisons en question. Nous en avons vendu une très vite, et nous sommes encore propriétaire d'une maison. Mais ça n'a pas d'incidence sur les habitants.'' »
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« ''Au niveau du financement, il y a habituellement des espaces partagés qui sont financés par les acheteurs : les couloirs, les cages d'escalier... Il ne faut pas oublier ça. En fait, dans le prix de votre appartement, vous avez déjà des locaux partagés. Les habitants du Grand Chemin ont accepté de réduire leur surface privée parce qu'ils avaient des surfaces partagées. Autrement dit, quand vous faîtes la communion de votre petit, vous pouvez la faire dans la salle commune, et non pas dans votre salle de séjour. Les habitants ont bien fait cette démarche''. »
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« ''Nous avons distingué deux copropriétés : une première copropriété regroupe l'ensemble des 12 logements, c'est une copropriété tout-à-fait classique, ce qui permet la garantie décennale et toutes les garanties que propose un promoteur ; une seconde copropriété concerne les locaux partagés,  hors garantie décennale, puisque c'est en autoconstruction. Nous avons pu réinjecter dans les locaux communs une partie du financement du logement : nous leur avons payé tout ce qui était chape et toiture. Et eux ont fini les murs de l'espace commun et du hangar.'' »
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=== Olivier Cencetti : L’Echo-habitants ===
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Pour voir le support de présentation – [https://drive.google.com/open?id=0B-bLlUUE2Hl7aklvTnJ1RkRVb2s&authuser=0 cliquez ici.]
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« ''J'ai fait un petit tour de quelques projets que j'ai suivi de près. Les Petits Moulins, à Rezé près de Nantes, c'est 6 accédants en habitat regroupé, en autopromotion, et 6 locatifs sociaux sur un programme à part, sur un terrain concomitant. Ils n'ont pas pu construire les deux projets ensemble. En espace commun il y a une salle polyvalente en cours de réalisation, un atelier, une buanderie et une chambre d'amis, plus le commun fonctionnel. La surface habitable supplémentaire tourne autour de 10 %, avec un financement fait par les habitants, dans le cadre d’une société civile d'attribution, sans participation du bailleur social, qui gère de son propre coté. Les surfaces communes sont essentiellement réalisées en autoconstruction, par le biais de chantiers participatifs, avec une personne encadrante. Ils ont bénéficié d'une aide de l'agglo dans le cadre du dispositif « Nantes ville verte », ce qui a en partie subventionné l'encadrement.''
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''Un autre programme, la Boîte noire, dans l'éco-quartier de Bottière Chénaie. C'est de l'autopromotion, il n'y a pas de logements sociaux. Là, les locaux communs sont intégrés dans l'opération. Mis à part un peu de finition, tout a été fait en même temps, c'est autofinancé. Les communs sont dans l'angle. C'est dans l'endroit le moins intéressant, en nord-est sud-ouest en termes de rotation du soleil, on était un peu contraint par le site. On a une salle commune ici qui fait également chambre, avec un clic-clac, une douche et un coin cuisine. Il y a des espaces de stockage en haut et une buanderie au rez-de-chaussée, avec un local à vélo. C'est vraiment compacté, on a 800m² au sol, je pense qu'on ne pouvait pas faire beaucoup mieux. Là on est sur un ratio de 9 % de surface habitable. Les deux programmes sont livrés, ils ont fait une crémaillère à la rentrée 2014, ils étaient déjà dedans depuis le début de l'année. De ce que disent les gens, globalement c'est assez réussi.''
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''[http://voisinsvolontaires.free.fr/ Les Voisins volontaire, à Saint-Nolff,] au nord de Vannes, c'est ce qu'ils ont appelé une « éco-cité », en sortie de bourg. On est sur 3 îlots, 13 logements en tout, et un îlot pour les communs. Ce n'est pas réalisé, c'est en cours, il y a des problèmes de financement pour le logement social, ce qui a retardé le projet. Là il y a de la mixité, il y a du libre, de l'accession sociale encadrée, PSLA, et trois locatifs sociaux. Le partenaire c'est Habitat solidaire, maître d’œuvre d'insertion, il n'y a pas eu de bailleur dans le coin qui a voulu se mobiliser sur ce projet. C'est un peu difficile pour les organismes HLM de rentrer dans des petits projets comme ça, surtout en interaction avec des libres. Au niveau des espaces communs, on retrouve les éléments classiques : salle polyvalente, chambre d'amis, atelier, plus des espaces de stockage et de rangement. On est pour l'instant dans le ratio de 9 % de chape supplémentaire, de gagné, pour 5 % du coût estimé. Au niveau des modes de financement, on aura de l'autoconstruction, avec des chantiers participatifs, et un dossier de crowdfunding, donc de financement participatif, qui est en cours. Il y a sans doute un appui de la SCIC Co-finançons notre habitat pour l'amorçage, et puis on devra sans doute faire une SCI, parce là on sort également des garanties décennales, Habitat solidaire ne pourra pas être directement responsable de la réalisation, on doit encore réfléchir sur la participation des locataires, et donc du bailleur social, qui conservera les trois locatifs, sur cette participation sur les communs. Ce sera sans doute dans le cadre d'un bail locatif spécifique, ce n'est pas encore complètement arrêté. Ce projet a bénéficié d'un soutien de la Région Bretagne dans le cadre du « logement social innovant », notamment pour permettre de garder les logements sociaux. Il n'empêche que quand on finalise les logements en accession sociale, avec les prix plafonds, et le montage financier du locatif, on n'arrive pas à mettre les communs dans le budget. Nous avons un problème que l'on retrouve dans pas mal de montages avec du social, c'est qu'on a du mal à financer des espaces en plus. C'est aussi lié à une taille d'opération qui est réduite, on n'optimise pas par la masse de logements à produire, et aussi au fait que l'éco-cité est en R+1 plus comble, donc on ne peut pas optimiser le foncier. Les marges de manœuvre restent quand même l'autoconstruction, l'autofinition, des parts de subventions, et des financements du logement social. Pour financer du commun, on est obligé de faire appel à des dispositifs plus atypiques que sont les subventions ou le financement participatif''.
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''Un autre projet, [http://www.lesvoisinsterrepelle.fr/ Les Voisins Terre Pelle, à la Roche-sur-Yon], c'est 8 familles, peut-être 9, dans un programme en ZAC, avec une volonté d'espace commun importante. On a dû réduire parce qu’ils en voulaient beaucoup trop par rapport à ce qu'ils pouvaient financer. On en est au stade avant-projet sommaire. On mutualise tout, à la fois du stockage, des espaces voitures, des salles fermées, et puis deux îlots d'habitation qui sont implantées un peu plus au sud. On est à 12 % de chape supplémentaire, on sera à 9 % si on intègre le 9e foyer. Il y aura une part d'autoconstruction plus importante, et peut-être du crowdfunding pour compléter les financements.''
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''Au [https://www.facebook.com/lestoitspartages Toits partagés, à Lorient], on va être autour des 10 % d'espace commun. On se fixe comme objectif d'être raisonnable sur le plan économique. Ce n'est pas de l'autopromotion, il y a une délégation de la maîtrise d'ouvrage par une coopérative HLM. On ne sait pas encore si on aura besoin de compléter le dispositif financier par des éléments plus originaux. On n'est pas parti pour faire beaucoup d'autoconstruction. C'est la phase conception qui va nous dire si notre faisabilité tient la route.'' »
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Dans tous les projets on est autour de 10 % de surface commune de rencontre. Au-delà, ça devient déraisonnable, ce n'est pas finançable. Au Bono, ils ne sont que 4, donc là c'est normal. S’ils avaient été 8, ils n'auraient pas agrandi pour autant, ils auraient gardé 40m² pour leur salle commune.'' »
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Pierre-Yves Jan : « ''Cette idée de volonté de gérer quelque chose en commun, elle ne se passe pas que dans les espaces qu'on dit « de rencontre », elle se diffuse aussi sur des espaces dits « utilitaires », dits « obligatoires », « de desserte », et ça leur redonne du sens, au lieu de les considérer comme des espaces annexes, secondaires, objets de charges, et qu'il faut absolument éradiquer dans la production actuelle du logement. Comme on considère que les gens ne s'intéressent qu'à leur logement privatif, on éradique les espaces communs, ce qui fait qu'il n'y a plus rien pour les enfants, pour se retrouver, et qu'on est tous en train de baver, devant l'ancien four, l'ancien puits, l'ancien village. Il y avait des espaces partagés, communs, qui ont été éradiqués dans la cité d'aujourd'hui, et on est en train de réinventer ces espaces. C'est bien l'idée de la gouvernance des biens communs, il y a une volonté de gérer ces espaces. Ce n'est pas qu'une histoire de mètres carrés, c'est une histoire de relecture, et ça crée des interactions entre le privé et le public, entre le privatif et le collectif, entre le public municipal et le collectif. Ça rejoint le collaboratif d'aujourd'hui. À la Petite Maison par exemple, on a des espaces communs un peu partout, quelquefois c'est un usage privatif de l'espace collectif, quelquefois il y a un usage collectif de l'espace collectif, quelquefois il y a un usage public, le mois dernier il y avait la MJC qui avait fait des soirées tombée de la nuit, c'est un usage public d'un espace collectif. Cette idée qu'on arrive à ré-enrichir trois types d'espace, les espaces titulaires collectifs, titulaires privatifs, titulaires municipales, on redynamise beaucoup, c'est ça que les gens découvrent souvent, ce potentiel-là. Dans le droit, ce n'est pas reconnu, ça n'existe pas. On a besoin d'inventer en droit, de changer de lunettes, et de considérer que ces espaces collectifs devraient être identifiés, y compris dans l'urbanisme. Dans la cité d'aujourd'hui on a besoin d'espaces pour les composteurs collectifs. Où est-ce qu'on les met ? C'est privatif, c'est collectif, on ne sait pas ! On a besoin d'espace pour les vélos et les autos partagés. Où est-ce qu'on les met ? On a besoin de ré-identifier ces espaces, et de faire en sorte ce soit plus facile à installer, y compris dans le droit d'urbanisme. Parce que souvent, quand les groupes présentent un projet, ils sont enserrés dans une lecture de leur programme comme si c'était une initiative privée, seulement privée. Ils ont des plafonds de mètres carrés, et ils ont quelquefois des difficultés à avoir la marge de droit à construire nécessaires pour ces espaces collectifs.'' »
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=== Nathalie Racineux : Enquêtrice au CEREMA ===
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« ''Dans l'étude que nous menons, qui n'est pas achevée, l'angle d'attaque n'est pas les espaces communs, mais le rôle que les collectivités jouent par rapport à ces projets. Quand est-ce qu'elles accompagnent, qu'est-ce qu'elles font, jusqu'où elles vont, à quel moment on va considérer que ça peut être un élément qu'on va intégrer dans la politique publique et de manière volontariste, en lançant par exemple par le biais d'un appel à manifestation d'intérêt comme ça se fait sur Brest, ou on fait le lien avec un PLH. Et puis la question du commun se pose, de façon générale. Moi il y a un point sur lequel je voudrais réagir, c'est la définition de ce qu'on partage, jusqu'où, c'est le projet social qui est adossé à chaque groupe qui se constitue. En fonction de la nature du projet, c'est plus ou moins centré sur le groupe, ou plus ou moins ouvert sur l'extérieur. La question du financement va se poser différemment en fonction de la nature de ce projet social. C'est l'idée de ce qu'on veut vivre ensemble, au-delà du logement, quel type d'activité ou de réflexion on souhaite lancer ou proposer, et en quoi ça va avoir peut-être un écho avec les acteurs publiques, ou associatifs, sur un territoire. C'est-à-dire, très clairement, est-ce qu'il y a une ambition d'animation territoriale. Je trouve qu'il y a souvent de l’ambiguïté, ou des discours, ou des choses immatures, il faut du temps aussi par rapport à ça. Nous on a du mal à sentir cette chose-là''. »
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Jocelyne Quedet, Econids, Nantes : « ''Quel conseil vous pourriez donner par rapport à ça, comment se présenter auprès des mairies et des collectivités ? Demain par exemple on a rendez-vous avec les gens de la mairie de là où on va construire, on va leur demander ce qu’ils peuvent, où et à quels moments ils peuvent nous aider.'' »
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Nathalie Racineux : « ''Chaque collectivité va avoir une réponse parce qu'elle construit des choses sur son territoire, et avec la relation aux citoyens et aux associations, et tout ce qu'ils représentent. Moi, ce qui me paraît un problème, et je crois que ça a été soulevé dans vos réflexions préalables, c'est à quel moment on va considérer que ça va aller vers de l'intérêt général. Il y a bien une question autour de ça. Il faut que le commun soit aussi au-delà du groupe. Il faut donner du corps à ce commun qui dépasserait un groupe constitué. Ce qui n'est pas simple, parce que déjà la vie d'un groupe c'est toute une histoire. On voit bien que ce sont des aventures qui sont à la fois passionnantes et difficiles, et y ajouter une autre dimension qui serait de dire ce qu'on a envie de construire par rapport à la cité, ça se joue là, je pense''.
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Stéphanie André : « ''C'est une rencontre entre un collectif de personnes, des futurs habitants, et une collectivité quelle qu'elle soit. La manière dont vous formuliez votre propos, c'était « qu'est-ce que la municipalité peut faire pour nous », et en fait, à un moment, il faut que vous puissiez dire à la municipalité « nous, ce qu'on va faire pour vous ». Peut-être que la commune a un projet, soit un public spécifique au niveau du revenu financier, soit intergénérationnel, il faut qu'elle puisse trouver son compte, trouver une justification à son action. Le projet que vous avez réalisé à Chevaigné est complètement dans ce que nous nous comptons faire dorénavant, nous voudrions réserver une partie de notre foncier en accession aidée à ce type de projet. Et nous, l'intérêt qu'on y voit, c'est le fameux intérêt collectif, l'intérêt général, au-delà des intérêts privés. Il faut qu'on trouve une justification à notre action commune''.
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Michel Broutin : « ''Cette question de savoir s'il y a de l'intérêt général, ou au moins de l'utilité sociale, c'est effectivement un débat qu'il y a dans le mouvement de l'habitat participatif, notamment entre les collectivités et les associations d'habitants, pour voir de quelle manière les collectivités peuvent contribuer et aider l'habitat participatif, sans justement faire des passe-droits. L'expérience des opérations anciennes montre que c'était déjà le cas à l'époque. On dit qu'il y avait plus de facilités à faire de l'habitat participatif dans du privé que dans du public, notamment pour des questions de foncier. Ce n'est sans doute pas tout-à-fait vrai, et en tous cas dans le passé il y a eu pas mal d'opérations qui se sont faites sur des terrains publics, que ce soit en ville nouvelle ou en ZAC, et c'était l'objet d'un accord avec la collectivité pour avoir soit du foncier, soit des conditions de mise en place un peu aidées par la collectivité, qui y trouvait un certain avantage, et le reconnaissait. Dans certains endroits, les locaux communs d'habitats groupés étaient des lieux de vie associative locale qui remplaçaient les équipements municipaux non existants. En France nous avons une rupture totale entre la promotion privée et le monde de l'habitat social, donc il faut trouver les recouvrements, les passerelles, pour que ça fonctionne, et que tout le monde en profite''.
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Maryvonne Loiseau : « ''À mon avis, l'objectif que des citoyens et des habitants deviennent acteurs sur leur territoire, ça devrait être l'objectif principal des politiques qui administrent un territoire. L'habitat participatif participe à ça.''
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Christian Faliu : « ''Et surtout ça force les élus à changer de manière de penser la politique. Parce que s'ils ne répondent pas, c'est les habitants participatifs qui les remplaceront. Je cite Cueff, le président de l’Établissement Public de Foncier de Bretagne, maire de Langouët. » ([http://Action_3_:_Quelle_%C3%A9quation_pour_un_acc%C3%A8s_au_foncier_avec_l%27habitat_participatif_%3F voir atelier 3 du programme E2=HP2 à propos du foncier)]''.
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=== Michele Dominici : titulaire de la chaire de l'habitat innovant ===
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Pour voir le support de présentation – [https://drive.google.com/open?id=0B-bLlUUE2Hl7WnByNk9KYW54Mzg&authuser=0 cliquez ici.]
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Le projet de recherche de Michele Dominci se nomme « habitat métamorphique ». Il rejoint les questions de l'habitat participatif (mais aussi les résidences pour seniors, et des formes de colocation), puisqu'il vise à réaliser les moyens techniques, par la domotique, de partager des espaces entre plusieurs propriétaires, de façon à ce que l'usage puisse devenir privatif et exclusif pendant un temps donné. Le questionnement technique se pose alors sur les connectiques électriques (pour que chacun paie son usage, et seulement son usage), internet (pour les codes d'utilisation), pour le chauffage, les systèmes de ventilation, les décorations (pour personnaliser momentanément la pièce)... L'idée est que ces adaptations se fassent de façon automatique, et particulièrement le verrou momentané de l'accès aux autres habitants.
  
  

Version du 17 mai 2015 à 09:47