Action 2 : L'écoconstruction et l'écorénovation dans l'habitat participatif : coûts et économies

De Economie Solidaire Brest.

(Présentation de l’atelier)
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#  Comment mesurer et gérer les investissements et retours sur investissements en termes financiers ? Quelles aides publiques ? Quelles sont les contraintes législatives, réglementaires ?
 
#  Comment mesurer et gérer les investissements et retours sur investissements en termes financiers ? Quelles aides publiques ? Quelles sont les contraintes législatives, réglementaires ?
 
#  Comment s’y conjuguent l’intérêt privé et l’intérêt général ?
 
#  Comment s’y conjuguent l’intérêt privé et l’intérêt général ?
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===Retranscription des échanges ===
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L'habitat participatif et l'éco-habitat ont beaucoup de points communs. Tout d'abord, ils vont souvent ensemble. Le thème de l'écologie est toujours présent dans l'habitat participatif, de la définition donnée par les principale structures de coordination à celle de la loi Alur de 2014, et dans la plupart des présentations d'habitats participatifs, ne serait-ce que pour dire que l'on regrette que l'on a pas pu le mettre en œuvre, faute de budget nécessaire. Dans le même sens, beaucoup – et particulièrement parmi les intervenants de cet atelier - s'accordent à intégrer la dimension participative dans leur conception de l'éco-habitat.
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Autre point commun entre l'habitat participatif et l'éco-habitat : leurs compréhensions varient de définitions les plus précises aux plus globales (ce qui peut apporter une certaine confusion). En ce qui concerne l'éco-habitat, pour les uns, les principaux critères à mesurer sont les performances énergétiques et la limitation de la création de CO² ; c'est la logique de la très grande majorité des politiques nationales et internationales, des labels et des normes (Bâtiments à Basse Consommation, Haute Qualité Environnentale...). Pour les autres, il y a une foule d'autres critères à prendre en compte : non seulement la qualité des matériaux, mais aussi leur provenance, leurs mises en œuvre, l'emprise sur le foncier, la gestion de l'eau et des déchets, l'intégration dans l'environnement local, et, aussi, le confort, la santé, le mode de vie, l'esthétique, la gouvernance... La liste pourrait encore s'allonger. Mais, au-delà de l'accumulation de tels critères, pris isolément de façon technique, il s'agit alors surtout de démarches, de recherches d'équilibres, et de cohérences globales.
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Pour parvenir à ces formes de cohérence, il ressort des besoins de former des arbitrages. Dans ce sens, les échanges poursuivis dans cet ateliers ne sont à prendre comme des solutions valables dans un absolu hors-sol, mais plutôt comme des façons de poser des questionnements, à adapter à chaque situation particulière.
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'''Pierre-Gilles Bellin''' (ancien maître d’œuvre et auteur de livres sur l'éco-habitat) propose de comptabiliser l'habitat selon des comptes de bilan et d'exploitation, en mesurant les coûts des entrées et sorties : électricité, eau, déchets, aliments, pour lesquels un habitat peut viser une certaine autonomie, et donc une certaine économie.
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'''Martine Leray''' (Scic Eclis, structure d'accompagnement de l'éco-habitat) invite à intégrer les coûts et l'impact écologique des matériaux, mais aussi de leur mise en œuvre, de la conception (bureaux d'études...), des transports, du coût social, des ressources économiques et écologiques locales. Tout cela doit se penser en synergie. Un travail est à effectuer pour trouver les critères d’évaluation qui permettent de mesurer tous ces aspects ensemble.
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'''Vincent Doussinault''' (Arpe, structure d'accompagnement de l'éco-habitat) rappelle que l'habitat le plus écologique est d'abord celui qui est celui qui a le moins d'impact, tant en consommation de foncier et de ressources que dans l'usage des équipements. Ainsi, la sobriété est à privilégier sur la haute technologie qui vise la performance. C'est aussi ce qui coûte le moins cher.
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'''Samuel Lanoë''' (Epok et Parasol, structures d'accompagnement de l'habitat participatif) rappelle que l'habitat ne concerne pas seulement le logement, mais aussi toute la vie qui va autour : il vaut mieux vivre dans une maison peu performante mais proche de son lieu de vie. Il importe par ailleurs de ne pas sacrifier toutes les autres dimensions de l'habitat au profit de la seule écologie matérielle, parmi lesquelles les aspects conviviaux, solidaires et collectifs de l'habitat.
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Nous pouvons d'ailleurs remarquer que l'écologie n'était pas une valeur centrale des habitats groupés des années 1970 et 1980. Elle le devient avec les premiers projets des années 2000. Mais elle reste en concurrence avec d'autres exigences : le coût, le confort, l'esthétique. Samuel Lanoë et '''Pascal Gourdeau''' (les Z'éco-bâtisseurs, habitat participatif à Caen) remarquent que la diversification de la population qui s'opère depuis les années 2010 amène une nouvelle variable en concurrence : l'aspect social des projets.
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'''Jean-Yves Brelivet''' (Approche Eco-habitat, structure d'accompagnement de l'éco-habitat) rejoint Martine Leray et Samuel Lanoë dans l'importance d'une démarche participative le plus en amont possible et avec le plus d'acteurs impliqués possibles pour permettre une meilleure montée en compétence de ces acteurs, et particulièrement des maîtres d'ouvrages. Plusieurs structures proposent leurs savoir-faire et leurs outils dans ce sens. Plusieurs intervenants remarquent que, pour autant, les maîtres d’ouvrage restent toujours face à des arbitrages à effectuer par eux-mêmes, selon chaque situation et problème posé, à commencer par celui de savoir à qui on peut faire confiance ou non.
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'''Christian Faliu''' (agence Cosmos, architecte) remarque quant à lui une une dérive de l'habitat participatif vers une recherche de plus en plus prononcée de l'économie et de la marchandisation, par rapport aux valeurs de l'habitat groupé des années 1970-1980.
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Samuel Lanoë estime que l'aspect écologique ne saurait être un argument valable pour solliciter des subventions publiques au nom de l'habitat participatif, pas plus en tous cas qu'un autre type d'éco-habitat.
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Enfin, il est fait la différence entre l'éco-construction, qui concerne la majorité des projets d'habitat participatif à tendance écologique, et l'éco-rénovation, davantage tournée sur les simples données techniques des consommation d'énergie et de CO², et qui doit se base sur l'existant (ce qui est d'ailleurs le premier enjeu écologique), et encore l'éco-restauration, qui n'est pas spécifiquement écologique.
  
 
====Rencontre publique====
 
====Rencontre publique====

Version du 28 avril 2014 à 07:26